L’hélicoptère a décollé, mais plutôt dans la mauvaise direction. L’envoi de chèques directement du
gouvernement américain aux ménages, appelé hélicoptère monétaire, avait pour ambition de fournir une aide simple et rapide à la population ainsi que de soutenir l’économie réelle. Le terme d’hélicoptère, repris par les médias, est ici employé de façon incorrecte. En théorie, cet instrument prévoit que la banque centrale, et non le gouvernement, distribue l’argent directement à la population pour relancer l’économie réelle. Selon le programme mis en œuvre en avril, les adultes célibataires gagnant moins de 99 000 dollars par an ont reçu jusqu’à 1200 dollars (et 500 dollars supplémentaires par enfant). Le coût total a!eint environ 250 milliards de dollars. Selon une enquête de la société financière Envestnet Yodlee, les deux tiers de l’argent ont été épargnés et un tiers a été dépensé. «Un mois plus tard, il faut adme!re que le bilan n’est pas celui que l’on imaginait. L’effet à court terme est un peu décevant», constate John Plassard, conseiller en investissements auprès de la banque Mirabaud, qui analyse ce!e étude dans une note. Manque de confiance des ménages, cette retenue des ménages est mise au compte de l’incertitude sur les perspectives d’emploi et l’économie, sans parler des craintes d’une deuxième vague de propagation du coronavirus. «Tant que la con"ance n’est pas de retour, les consommateurs privilégieront la prudence», analyse John Plassard. La distribution d’argent a provoqué un rebond de la consommation américaine durant une semaine, mais le phénomène ne s’est pas prolongé, d’autant que tous les magasins n’avaient pas encore rouvert. Les différences de comportement sont toutefois fonction du revenu. Selon une étude publiée par les chercheurs du National Bureau of Economic Research (NBER) et intitulée Income, Liquidity, and the Consumption Response to the 2020 Economic Stimulus Payment, les individus disposant de moins de 500 dollars sur leur compte courant ont dépensé près de la moitié du chèque dans les dix jours. Par contre, certains hauts revenus l’ont dépensé pour spéculer en bourse. «Aux Etats-Unis, un salaire de 99 000 dollars est considéré comme très élevé, si bien que l’ajout de 1200 dollars peut effectivement conduire à des transactions boursières», commente John Plassard. Les exemples japonais et européens, ces résultats confirment de précédentes expériences également décevantes, par exemple la distribution de bons au Japon en 1999. Ils confirment aussi une enquête réalisée dans l’Union européenne par la banque ING en 2016 destinée à évaluer l’emploi d’un chèque de 200 euros distribué par un gouvernement: 52% des potentiels béné"ciaires voulaient l’épargner, 26% le dépenser, 15% réduire leur de!e. Les plus dépensiers étaient les Italiens (38% de la somme) et les Roumains (33%). Source : Le Temps.ch publié le 26 mai 2020 par Emmanuel Garessus Les commentaires sont fermés.
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